Entre le 27 et le 29 octobre 2016, à l’Université de Lausanne, s’est déroulé le colloque international organisé par les prof. NICCOLO SCAFFAI (Lausanne) et NELLY VALSANGIACOMO (Lausanne) et soutenu par le FNS, la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne, la Fondation pour l’Université de Lausanne, l’Istituto italiano di cultura et la società Dante Alighieri de Lausanne. Le colloque visait à lancer une réflexion sur l’image de l’Italie et de l’italianité pendant les dernières décennies, dans différents domaines : littérature, mode et commerce. Le but était de comprendre les mutations et les tendances sur la longue durée. À l'italienne est une expression qui renvoie tant à des stéréotypes qu’à des vérités, lesquels, à leur tour, produisent des images.
Pour aborder ce sujet, l’approche interdisciplinaire a été privilégiée. Les intervenants, de différentes professions intellectuelles – scientifiques, écrivains, journalistes, organisateurs culturels – étaient tous liés, par leurs activités ou leur vécu, à l’italianité. Le colloque s’est construit autour du concept de frontière et de son « dépassement ». Les frontières ethniques et linguistiques, qui ne correspondent pas aux délimitations nationales, ont plus particulièrement retenu l’attention. La période d’étude, des années 80 à aujourd’hui, a été choisie car c’est durant ces années que la perception de l’italianité a changé. Comment cette transformation s’est produite? Quelles en ont été les causes et les conséquences ? Telles sont les questions auxquelles le colloque a tenté de répondre.
La première session du colloque a porté sur les italophones en Suisse. JEAN-JACQUES MARCHAND (Lausanne) a mis en évidence l’importance qu’a eu l’immigration italienne dans la création de nombreuses œuvres littéraires en langue italienne. Il a également abordé la question de la perception que les Suisses italophones avaient de l’Italie et de l’italianité. L’intervention de MARCO MARCACCI (Mesolcina) a mis en évidence la façon dont se transforme la conscience culturelle des habitants de la Suisse italienne et l’exaspération qu’ils ressentent parfois vis-à-vis des Italiens.
La deuxième session s’est penchée sur les discours de l’italianité véhiculés par les récits narratifs, les sons et les images. Dans la cinématographie, selon DANIELA BROGI (Sienne), les représentations extra-locales entrent en dialogue avec les autoreprésentations d’une communauté qui se reconnaît dans l’image de soi véhiculée depuis l’extérieur. Un cas particulier a ensuite été présenté par BRUNO RAMIREZ (Montréal): celui des réalisateurs italiens de Montréal, dont les films, dominés par le thème de la mémoire, tentent d’affirmer l’identité d’une minorité souvent représentée négativement par les mass media. PAOLA CORTI (Turin) a continué avec l’analyse des perceptions de l’italianité qui émergent des photographies envoyées par les jeunes participants au concours international « 150 anni Grande Italia ». Dans la même session, VITTORIO COLETTI (Gêne) a identifié et comparé les variétés de la langue italienne dans le cadre de la chanson italienne dans le monde.
La troisième session s’est focalisée sur les dynamiques internationales : sur les multiples aspects que recouvre la formule postmoderne du Made in Italy utilisée à des fins de promotion de la culture et des marchandises italiennes, notamment aux Etats-Unis dès les années 80 (FERDINANDO FASCE, Gêne) ; sur le rapport entre l’italianité et le design, entendu comme un concept toujours plus riche en valeurs sémantiques (MATTEO VERCELLONI, Milan) ; sur la diffusion d’italianismes et pseudo-italianismes dans le contexte plurilingue du monde urbain global et post-global (MASSIMO VEDOVELLI, Sienne).
Dans la quatrième session, MADDALENA TIRABASSI (Turin) a pris en considération les déclinaisons de l’italianité dans la muséographie multiforme de l’émigration. MARIA LUISA CALDOGNETTO (Trèves) a abordé l’imaginaire collectif de pays comme le Luxembourg, où les mutations de la société italienne et le multiculturalisme du pays d’accueil ont donné lieu à des nouvelles formes de représentation et d’autoreprésentation. Enfin, ROBERTO SALA (Bâle) s’est penché sur l’Allemagne de la deuxième moitié du XXe siècle, où - comme dans d’autres pays européens - les connotations associées à l’Italie s’opposent souvent.
Une enquête menée auprès de la Foreign Press Association de Rome a montré que les aspects positifs de l’image de l’Italie, pas nécessairement reconnus par les italiens eux-mêmes, ont très souvent émergés à l’étranger. Pour terminer, la table ronde, menée avec finesse par DANIELE MAGGETTI (Lausanne) à laquelle participaient ADA RUATA (Paris), TATIANA CRIVELLI (Zurich), LICIA COFFANI (Zurich) et FREDERIC MAIRE (Lausanne), a contribué à montrer les nombreuses facettes du concept d’italianité.
Le colloque a été enregistré en vidéo et des extraits seront mis à disposition sur le site du Pôle de recherche sur l’italianité : RecIt dont ce colloque était la première initiative et qui se veut un observatoire permanent des phénomènes et des expressions culturelles en lien avec l’italianité. Un ouvrage issu du colloque est prévu. Les personnes intéressées au Pôle de recherche sur l’italianité peuvent prendre contact avec les coordinateurs : Prof. Niccolò Scaffai, Unil, Faculté des Lettres, section d’italien : niccolo.scaffai@unil.ch; Prof. Nelly Valsangiacomo, Unil, Faculté des Lettres, section d’histoire : nelly.valsangiacomo@unil.ch
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Aperçu de la manifestation:
Session I: Italianità nella Confederazione.
Modérateur: Alberto Roncaccia, Université de Lausanne
Marco Marcacci, Fondazione Pellegrini Canevascini – Emigrazione e scrittura degli italiani in Svizzera: il mutamento negli anni.
Jean-Jacques Marchand, Università di Losanna – Un’italianità schizofrenica?
Sabina Bellofatto, Universität Zürich – Mangiare “all’italiana”. La cucina italiana in Svizzera.
Session II: Narrazioni tra suoni e immagini.
Modératrice: Nelly Valsangiacomo, Université de Lausanne
Daniela Brogi, Università per Stranieri di Siena – L’Italia da Oscar. Racconti e visioni dell’italianità.
Bruno Ramirez, Université de Montréal – Memoria e riconoscimento nella narrazione filmica degli Italiani di Montréal.
Paola Corti, Università di Torino – La percezione fotografica dell’italianità tra gli studenti all’estero: il progetto “150 anni Grande Italia”.
Vittorio Coletti, Università di Genova – L’italiano in musica: dal melodramma alla canzone.
Table ronde modérée par Daniele Maggetti, Université de Lausanne.
Avec Renata Ada-Ruata (écrivaine), Tatiana Crivelli (Universität Zürich, Forum per l’italiano in Svizzera), Frédéric Maire (dirécteur de la Cinemathèque suisse) et Licia Coffani (Istituto Italiano di Cultura di Zurigo).
Session III: Visioni internazionali.
Modérateur: Niccolò Scaffai, Université de Lausanne
Ferdinando Fasce, Università di Genova – Ritorno al futuro? Italianità e consumi negli Stati Uniti di fine Novecento.
Matteo Vercelloni, Politecnico di Milano – Design e italian design.
Massimo Vedovelli, Università per Stranieri di Siena – Italianismi e pseudoitalianismi nei panorami linguistici urbani globali.
Session IV: Rappresentazioni e immagini.
Modérateur: Francesco Garufo, Université de Neuchâtel
Maddalena Tirabassi, Centro Altreitalie, Torino – La musealizzazione delle migrazioni italiane.
Maria Luisa Caldognetto, Centre de Documentation sur les Migrations Humaines, Dudelange – Forme e rappresentazioni di un’italianità che evolve nel contesto migratorio lussemburghese.
Roberto Sala, Universität Basel – Dolce vita o vita amara? L’Italia, gli italiani e l’italianità nell’immaginario collettivo tedesco del Secondo Novecento.
Maarten van Aalderen, Correspondant pour l’Italie de “De Telegraaf” – Italy as seen by the Foreign Press Positive aspects with several surprises.