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Panel: Les partis politiques suisses en mutation : constellations locales et dynamiques globales

Autor / Autorin des Berichts: 
Cédric Cotter, Université de Genève
Cedric45@hotmail.com


Citation: Cotter Cédric, « Panel: Les partis politiques suisses en mutation : constellations locales et dynamiques globales », infoclio.ch comptes rendus, 2013. En ligne: infoclio.ch, <http://dx.doi.org/10.13098/infoclio.ch-tb-0049>, consulté le


Organisateurs : Damir Skenderovic / Oscar Mazzoleni
Intervenants : Anne-Vaia Fouradoulas / Oscar Mazzoleni / Andrea Pilotti / Line Rennwald / Damir Skenderovic / Adrian Zimmermann

Ce panel, modéré par DAMIR SKENDEROVIC et OSCAR MAZZOLENI, avait pour objectif de promouvoir l’étude des partis politiques suisses, un champ de recherche malheureusement trop peu abordé par les historiens. Il réunissait des chercheurs ayant la particularité de combiner des approches issues tant de l’histoire que des sciences politiques. Les différentes présentations se sont focalisées sur différents thèmes qui ont permis d’illustrer l’évolution constante des partis politiques. Une attention plus particulière a été portée sur l’importance et l’influence des facteurs locaux et globaux sur les partis politiques.

LINE RENNWALD (accompagnée par ADRIAN ZIMMERMANN) a ouvert les feux avec une présentation consacrée à l’évolution de la base sociale du Parti socialiste suisse (PSS). Ce parti est-il passé d’une forte base ouvrière vers un parti de classe moyenne ? La réponse à cette question s’est construite en deux temps. Tout d’abord, Line Rennwald a analysé la constitution de la base du parti de 1975 à nos jours et présenté les résultats de ses investigations. Alors qu’en 1975 le socle du PSS était constitué par un ensemble regroupant ouvriers, travailleurs dans les services, et employés de bureau, le parti comptait en 2010 une base où la classe moyenne salariée[1] était devenue majoritaire. Différentes explications et hypothèses, sociales et politiques, ont été avancées pour tenter d’expliquer cette évolution.[2] La présentation s’est ensuite orientée sur le plus long terme. Il apparaît clairement qu’avec le temps, le programme du PSS est devenu de moins en moins clair sur la conception de ce que devrait être la base du parti.[3] La brève discussion qui a suivi a souligné la nécessité d’intégrer ces résultats dans un cadre plus large, en prenant comparaison avec les autres partis à certains moments-clés, ainsi que l’importance de quitter les analyses sociologiques pour se focaliser aussi sur les facteurs politiques.

La deuxième intervention de ce panel, menée par ANDREA PILOTTI, a eu pour objet l’importance de l’ancrage régional des membres du Parlement suisse. En effet, l’immense majorité des parlementaires ont d’abord exercé un mandat aux niveaux communal et cantonal. En préambule, il a été constaté que le niveau cantonal est primordial en politique suisse en tant que lieu optimal pour la base partisane, et que les disparités entre cantons sont bien présentes. Andrea Pilotti a ensuite distingué deux catégories de politiciens avant de tenter une comparaison internationale. Les parlementaires ayant suivi un cursus honorum, c’est à dire ayant exercé plusieurs mandats politiques avant d’arriver à Berne, sont les plus nombreux, avec quelques disparités cantonales ou dans les partis. Les « parachutés » ne constituent donc qu’une frange faible du parlement, moins d’un dixième, et viennent surtout des formations bourgeoises.[4] Pour compenser leur manque de capital militant, ils peuvent compter sur d’autres ressources : ils sont officiers, chefs d’entreprises, professeurs, etc. A travers deux exemples, Andrea Pilotti a illustré ses propos en soulignant l’importance de la carrière personnelle pour compenser ce manque. Ce phénomène se ressent beaucoup moins dans les autres pays européens, y compris l’Allemagne, où les carrières politiques au niveau fédéral ou régional sont plus parallèles que mélangées. Cet ancrage local ne résulte donc pas forcément de la structure fédéraliste de la Suisse.

Dans une troisième présentation menée par ANNE-VAIA FOURADOULAS, il a été question de la redéfinition identitaire du Parti suisse du Travail (PST) durant les vingt dernières années. Ce parti, depuis sa fondation en 1944, a oscillé entre le communisme international et suivre son propre chemin. Suite à un bref historique de cette formation politique, la conférencière a abordé le tournant des années 1990, où une nouvelle phase en lien avec la chute de l’URSS[5] a débuté. Le PST s’est démarqué du monde soviétique et a cherché sa propre voie à travers un retour au socialisme authentique, sans les déviations dogmatiques et autoritaires. Puis, dans les années 2000, une nouvelle transformation a commencé avec l’affrontement de deux tendances. D’un côté une aile rénovatrice a voulu une politique d’alliance plus ouverte et démocratique, tandis que le courant conservateur voulait revenir aux fondamentaux. S’il n’y a pas eu d’affrontement frontal, Anne-Vaia Fouradoulas a conclu en soulignant que cette reconfiguration du parti sur 20 ans débouche sur l’opposition entre communisme rénovateur et communisme conservateur.

Oscar Mazolleni a pris la parole pour une dernière intervention plus programmatique. Regrettant le manque d’intérêt de l‘historiographie suisse pour l’étude des partis politiques, le conférencier a voulu montrer en quoi l’étude des campagnes peut contribuer à l’histoire de ces partis. Une approche non fonctionnaliste permettrait d’étudier ces campagnes politiques comme des phénomènes en soi, en essayant de rendre compte de leurs composantes matérielles, symboliques, et de leur organisation. Les champs de recherche sont nombreux et pourraient toucher des domaines pour lesquels nous ne savons presque rien : quelle est l’autonomie entre niveaux cantonal, communal et du district ? Est-ce qu’il y a professionnalisation, centralisation ? Comment s’articulent les processus de financement des partis ? Des recherches de ce genre permettraient en outre de repenser et mettre à l’épreuve « l’exception » suisse et « l’américanisation » des campagnes politiques. Toute histoire étant contemporaine, il faudrait s’intéresser à l’histoire des campagnes des partis pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Oscar Mazolleni a conclu en militant pour des recherches menées directement sur les archives des partis.

Enfin, Damir Skenderovic a émis quelques commentaires généraux sur le panel et d’autres commentaires particuliers sur les différentes présentations. Il s’est entre autre interrogé sur la réelle signification du parti politique. Quels sont le rôle et la vraie place des partis politiques en Suisse ? Revenant sur la thématique générale du congrès et en lien avec les différentes présentations, il a souligné les aspects globaux du développement de la société, les « mega trends », ainsi que l’ancrage local des partis. Il a aussi mis en évidence les interconnexions entre les partis ou avec la société et a réaffirmé l’importance d’étudier et comparer leur idéologie, leur « Weltanschaung ».

Chaque présentation a déclenché des discussions parmi l’assistance. Il s’agissait principalement de demandes d’apport de précisions ou de commentaires méthodologiques, en particulier sur l’importance de la mise en contexte des résultats. Lors de la discussion finale, certains participants dans le public ont souligné l’existence d’une histoire politique en Suisse et ont rappelé la nécessité de bien distinguer entre histoire politique et histoire du politique. Revenant sur la présentation d’Oscar Mazzoleni, le vœu a également été émis de voir ce champ de recherche se développer. En prenant du recul, on peut également constater que l’étude des partis souffre du manque d’intérêt de la part des « purs » historiens. Les panelistes, de part leur double appartenance à l’histoire et aux sciences politiques, ont des pratiques principalement fonctionnalistes. Une plus grande implication des historiens permettrait d’élargir le champ des sources utilisées et de mettre à profit les apports de l’histoire économique, sociale ou culturelle.

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1 En particulier les spécialistes socio-culturels et les spécialistes techniques.
2 Déclin du secteur industriel, la classe comme non déterminante du vote, montée de l’UDC, abstention électorale, apparitions de nouveaux thèmes importants, etc.
3 De la présence d’une forte présente des classes, le programme est devenu plus ouvert en 1935, « attrape-tout » en 959 et a repris les nouveaux mouvements sociaux en 1982.
4 En 2010, au PSS, il n’y en a qu’un seul sur 58.
5 Et l’avènement de l’alter mondialisme.

Aperçu du panel

Line Rennwald: Kontinuitäten und Brüche in der sozialen Basis und lokalen Verankerung der Sozialdemokratischen Partei der Schweiz im 20. Jahrhundert

Andrea Pilotti: Le rôle de la carrière politique locale et cantonale dans l'élection à l'Assemblée fédérale (1910-2010)

Anne-Vaia Fouradoulas: De la marche vers le communisme au «Mouvement pour le socialisme» : La redéfinition identitaire du Parti Suisse du Travail (PST) dans les années 1990-2000

Oscar Mazzoleni: L'étude des campagnes électorales : un apport à l’histoire des partis politiques suisses

Event: 
3e Journées suisses d'histoire 2013 / 3. Schweizerische Geschichtage 2013
Organised by: 
Departement für Historische Wissenschaften der Universität Freiburg / Schweizerische Gesellschaft für Geschichte (SGG)
Event Date: 
08.02.2013
Place: 
Fribourg
Language: 
f
Report type: 
Conference