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Panel: Eine Ausstellung zur Kulturgeschichte des Waldes im Nationalmuseum

Autor / Autorin des Berichts: 
Citation: Meyer Carla: « Panel: Eine Ausstellung zur Kulturgeschichte des Waldes im Nationalmuseum », infoclio.ch comptes rendus, 19.07.2022. En ligne: <https://www.doi.org/10.13098/infoclio.ch-tb-0260>, consulté le 07.11.2024.

Responsabilité : Pascale Meyer, Noëmi Crain Merz
Intervenantes : Pascale Meyer, Noëmi Crain Merz, Dorothe Zimmermann
Commentaires : Monika Gisler

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Ce panel s’est inscrit dans un questionnement général sur le rapport que les sociétés humaines entretiennent avec la forêt. Exploitée pour ses ressources depuis des siècles, elle a subi les conséquences néfastes d’une industrialisation croissante depuis le XIXe siècle. Objet d’étude aux multiples visages, ce milieu naturel est lié à la détente et à la contemplation tout en incarnant l’urgence climatique. Entre déboisement, incendies et extinction du vivant, la forêt symbolise désormais une nature dont l’équilibre a été rompu. Les trois interventions du panel, en mettant au centre le rôle des musées et des collections patrimoniales et scientifiques, avaient pour ambition de questionner l’évolution de notre attitude face à la forêt et la manière dont la sphère scientifique peut démocratiser les recherches à ce sujet.

Inspirée par le film de Niklaus Hilber retraçant la vie de l’activiste Bruno Manser, une équipe curatoriale du Musée national suisse a mis sur pied une exposition retraçant l’histoire culturelle de la forêt, de l’Engadine jusqu’au plus profond de l’Amazonie.1 PASCALE MEYER (Zurich) a présenté le fil rouge de cette exposition nourrie par de nombreux prêts d’institutions muséales suisses et de collections privées et qui s’appuie sur des matériaux à la fois littéraires, artistiques, historiques et ethnographiques.

Raconter des histoires via des objet-témoins, vulgariser des propos complexes sous forme de textes courts, ou encore encourager le public à réfléchir à son propre rapport à la forêt, ont constitué quelques-uns des défis de cette réalisation. A l’appui de photographies in situ, Meyer a proposé un aperçu virtuel de l’exposition selon trois axes : l’exploitation, la destruction et la protection de la forêt.

Un premier espace, dédié à l’utilisation de la forêt par l’humain de la préhistoire jusqu’au XIXe siècle, a notamment été illustré par des scènes de chasse et des outils forestiers évoquant la destruction des ressources. Cela contrastait avec la suite du parcours présentant des
chefs-d'œuvre du romantisme, tels que les paysages grandioses de Caspar Wolf. Plus la déforestation progressait dans la réalité, plus les œuvres picturales étaient idéalisées. Meyer a ensuite présenté un module de l’exposition réservé à d’importants acteurs suisses engagés ici et ailleurs pour la défense de la forêt. C’est le cas d’Armin Caspar et d’Anita Guidi, qui en 1945 ont mené une expédition en Amazonie brésilienne, dont le but était d’attirer l’attention sur le destin des peuples du Rio Negro, déjà en proie à la destruction des ressources naturelles pourtant centrales à leur mode de vie.

L’intervention de Meyer s’est clôturée sur des voix contemporaines thématisant le changement climatique et présentées dans l’exposition. Différents dispositifs artistiques, à l’instar de la sculpture d’Ugo Rondinone représentant un olivier italien millénaire, expriment un questionnement alarmiste sur l’avenir : à l’heure ou l’humanité peine à réduire ses émissions de CO2, la forêt peut-elle encore être sauvée ?

Après cela, NOËMI CRAIN MERZ (Bâle) a interrogé certains dispositifs de l’exposition du Musée national suisse dans un exposé davantage théorique, axé sur la capacité des musées d’histoire à transmettre des contenus scientifiques au grand public. Soulignant d’entrée de jeu que les sciences de l’esprit contribuent encore trop peu au débat concernant la nature par rapport aux sciences naturelles, Crain Merz a relevé l’apriori courant selon lequel seuls les musées techniques seraient aptes à diffuser le savoir scientifique. Si les musées d’histoire ne s’insèrent pas dans l’imaginaire des sciences dites « dures », ils mobilisent eux aussi des travaux scientifiques dont les apports transparaissent souvent en filigrane des expositions.

Revenant brièvement sur le contexte d’émergence des musées d’histoire au XIXe siècle, Crain Merz a rappelé que leur mission d’origine était de représenter l’histoire des nations, non sans un certain élitisme. Ayant fait peau neuve, les musées d’histoire ambitionnent aujourd’hui d’être accessibles à tout le monde et doivent être capables de concurrencer une offre de divertissement pléthorique par des contenus attractifs et engageants, à l’instar de la réalité virtuelle ou encore des dispositifs à selfie.

Ces défis actuels posés, Crain Merz a présenté une réflexion sur les conditions optimales pour réussir une médiation scientifique de qualité auprès du public des musées. En ce qui concerne l’exposition sur l’histoire culturelle de la forêt, des objets au visuel poignant ont été sélectionnés afin d’attirer l’attention des visiteurs, à l’image de parures indigènes aux couleurs vives ou d’un imposant totem. Un accent particulier a également été posé sur des médiums complémentaires à l’exposition : une série de podcasts permet à des spécialistes issus de divers disciplines académiques de s’adresser directement au public en vulgarisant des problématiques liées à la forêt. De plus, un cycle de conférence avec discussions à la clé permet d’engager un dialogue entre le public et des scientifiques au sujet du changement climatique.

En conclusion, Crain Merz a expliqué que seule une partie infime des découvertes et des résultats scientifiques parviennent à l’attention du public. Selon elle, les musées ont leur rôle a jouer pour favoriser la circulation des connaissances scientifiques au sein de la société civile, dans la mesure où ils détiennent les ressources nécessaires et offrent des espaces de discussion adéquats.

Détachée du contexte de l’exposition du Musée national, DOROTHE ZIMMERMANN (Zurich) s’est intéressée aux pratiques géobotaniques2 des années 1920-1930. Afin d’en dresser un portrait, elle s’est appuyée sur des objets scientifiques issus de la collection d’instruments et de matériel pédagogique de l’ETH de Zurich ainsi que sur la troisième expédition géobotanique internationale, menée dans les Alpes suisses en 1923 sous l’égide du botaniste zurichois Eduard Rübel.

Menées tout au long du XXe siècle, les expéditions géobotaniques avaient pour but de familiariser les chercheurs avec le monde végétal et de leur permettre d’aborder des problématiques directement sur le terrain. Zimmermann a consacré la majeure partie de son intervention aux différentes mesures relevées par le groupe de scientifiques en 1923 et s’est référée aux instruments respectifs présents dans la collection de l’ETHZ. Ainsi ont notamment été présenté un héliographe, appareil permettant de mesurer la durée de l’ensoleillement en un point précis, un altimètre, servant à mesurer la hauteur des arbres ou encore un hygromètre, instrument dont la fonction est de mesurer l’humidité de l’air.

Véritables témoins des premières heures de la géobotanique, ces appareils étaient toutefois utilisés sans avoir recours à une méthodologie uniforme. Comme l’a pointé Zimmermann, l’expédition de 1923 a permis de constater que la multiplication des méthodes scientifiques nuisait à la comparabilité et à l’exploitabilité des résultats. C’est en 1932 qu’un regroupement des points de vue a pu être mené au sein de la discipline, via une importante étude menée par Rübel sur les hêtraies européennes.

Quoique très ambitieux dans le temps imparti, l’exposé de Zimmermann a permis, d’une part, de relever un intéressant processus de patrimonialisation d’objets de terrain en objets muséaux, et, d’autre part, de souligner l’apport de la géobotanique dans la prise de conscience des dégâts que l’humain fait subir au milieu forestier. L’étude des forêts de hêtres, dont la surface a drastiquement diminué, est dans ce sens particulièrement révélatrice.

Placées sous le spectre de l’Anthropocène, les contributions du panel ont toutes pointé l’impact des activités humaines sur la planète et en particulier sur les forêts. MONIKA GISLER (Zurich), dans son commentaire, a signalé l’obsolescence du binôme nature-culture dans le milieu muséal. L’heure est désormais au travail interdisciplinaire et les sciences humaines commencent à apporter une perspective originale à la thématique de la nature, autrefois confinée aux muséums de sciences naturelles.

Notes

1 Des précisions peuvent être obtenues sur le site du Musée national suisse.

2 Science qui étudie la manière dont les plantes sont réparties à la surface du globe.



Aperçu du panel :
Pascale Meyer : Die «Natur» ausstellen? «Wald» – eine Ausstellung im Landesmuseum

Noëmi Crain Merz : Das historische Museum als Ort der Wissenschaftsvermittlung

Dorothe Zimmermann : Geobotanische Praktiken zur Erforschung des Waldes, 1920–1930

Manifestazione: 
6e Journées suisses d'histoire
Organizzato da: 
Société suisse d'histoire et Université de Genève
Data della manifestazione: 
01.07.2022
Luogo: 
Genève
Lingua: 
f
Report type: 
Conference