À la suite des travaux de Paul Bairoch, cette thèse étudie le lien entre protectionnisme et croissance économique pendant la première mondialisation (1850-1913) en France et en Suisse. En particulier, nous nous intéressons à un chainon manquant dans l’explication de la corrélation positive entre droits de douane et croissance, celui de la relation entre la politique commerciale et la spécialisation des nations. Dans cette thèse, nous considérons la politique commerciale comme un phénomène construit, temporel, s’inscrivant dans une structure institutionnelle particulière. Par conséquent, les deux premiers chapitres présentent le contexte théorique, historique et politique dans lequel s’inscrit la politique commerciale des économies au 19e siècle. Par la suite, nous présentons deux bases de données sur le commerce extérieur de la France et de la Suisse. Ces bases originales nous permettent de mener une étude empirique sur la spécialisation à l’exportation de ces deux économies ainsi que sur la relation entre protectionnisme et exportations, en nous basant sur un nouveau test empirique de la protection des industries dans l’enfance. Cette thèse montre alors que la France met en place un protectionnisme traditionnel qui, sous l’influence des groupes de pression, vise à maintenir les spécialisations traditionnelles de l’économie. Au contraire, la Suisse met en place un protectionnisme innovant, qui vise l’émergence de nouvelles spécialisations favorisant ainsi la réussite économique de la nation.